Grande enquête : Les français de Russie en 2024

Grande enquête réalisée par l’équipe de Boris Karpov

Objet de l’enquête: Alors qu’il est clair depuis le lancement de l’Opération Militaire Spéciale que la Russie est, de fait, en guerre contre l’OTAN à travers l’Ukraine, nous avons voulu connaître la position des citoyens français résidents en Russie, conscients que beaucoup parmi eux ont la double nationalité Russe-française. Nous avons donc souhaite leur demander de préciser leur position et leur état d’âme. Comment vivent-ils leur quotidien alors que leur pays natal combat leur pays de résidence, par Ukraine interposée. Nous avons garanti l’anonymat de ceux qui accepteraient de nous répondre, et tiendrons nos promesses. Par contre nous publierons quelques noms de français ayant refusé de nous répondre et donc envers lesquels nous ne sommes pas tenus par cette garantie d’anonymat.

Méthodologie: Cette enquête s’est étalée sur plusieurs mois, nous avons contacté exactement 489 français actuellement résidant en Russie. Nous n’avons pas pris en compte les français ayant quitté la Russie, ni ceux étant en Russie pour un court séjour. Seuls les citoyens russes et les “résidents” au sens légal (plus de 6 mois par an en Russie) ont été pris en compte.

201 ont accepté de répondre à nos questions, 17 ont répondu à notre contact initial mais ont refusé de participer à l’enquête pour diverses raisons, et 271 n’ont pas répondu à notre demande initiale en ignorant simplement nos messages.

On note qu’aucun français travaillant au consulat de France ou à la Chambre de commerce franco-russe n’a accepté de répondre, tous ont ignoré nos demandes. Même chose pour la plupart des français les plus “en vue” dans la communauté française de Russie.

Les contacts se sont faits par Télégram ou par mail, ces 2 systèmes permettent de voir si le message à été délivré et, sur Télégram, lu.
Il y à eu 3 séries totalisant une vingtaine de questions par écrit, puis des entretiens avec 32 français et françaises sélectionnés après leurs réponses au questionnaire, et notre équipe à rencontré 11 français et françaises à Moscou que nous avons estimé être les plus représentatifs de l’ensemble de ceux nous ayant répondu. Certains français abonnés à notre chaîne Télégram nous ont également transmis informations et documents concernant d’autres français en Russie. Nous les avons pris en compte après vérification.

Limites: Il est évident que nous n’avons aucun moyen de vérifier la sincérité de toutes les réponses fournies, et nous sommes conscients que certains ayant accepté de répondre ont pu mentir concernant leur attitude vis-a-vis de l’Opération Militaire Spéciale (“SVO” pour la suite). Malgré cela, des recoupements entre leurs réponses et d’autres sources d’information “ouverte” (en particulier par leurs écrits sur les réseaux sociaux, etc) ainsi que dans certains cas des informations puisées auprès d’autres sources non publiques, nous permettent de penser que globalement, l’étude est très représentative des français de Russie.

Quelques chiffres pour décrire les français en Russie en 2024.

La grande majorité (187 sur 201) se déclare comme “professionnel indépendant”, ce qui est parfaitement logique, les expatriés des grandes sociétés ayant quitté le pays lorsque leurs employeurs en sont partis. On trouve pèle-mêle un avocat international, un chef cuisinier renommé, des conseillers financiers, et beaucoup d’entrepreneurs ayant crée leur société en Russie dans divers domaines (agriculture, industrie, services, restauration etc)

Une grande partie (170 sur 201) déclare avoir très peu de contacts avec les autres français en Russie et c’est ici une surprise. L’un d’entre eux, en Russie depuis 16 ans, nous à donné cette explication :

“A Moscou la communauté française est très contrôlée par les autorités, autorités françaises de l’ambassade je précise. Par exemple les admins des chaînes Télégram des français de Russie obéissent aux doigts et à l’œil aux autorités françaises et interdisent les thèmes qui fâchent (la guerre en Ukraine bien évidement). Dans ces conditions, on comprend que les français ayant quitté la France par ras le bol de la situation là-bas ne tiennent pas à se remettre parmi les lèche-bottes.”

Nous avons pu vérifier qu’en effet sur au moins 2 chaînes, dès qu’un abonné commence à parler de politique un admin que l’on peut qualifier de “pilier” de la communauté française de Moscou surgit et lui indique que “ce n’est pas le lieu pour parler de ça”. S’il insiste, c’est l’expulsion du groupe. On ne parle donc sur ces chaînes que des détails pratiques de la vie en Russie.

Ceci explique sans doute pourquoi, lorsque nous avons contacté les abonnés de ces chaînes pour leur proposer de répondre à nos questions, la grande majorité à tout simplement ignoré nos demandes. Ces groupes semblent concentrer les français qui bien que vivant en Russie préfèrent rester entre français. Et en France, soutenir la Russie est considéré comme un crime.

Certains français ayant décidé en quelque sorte de “couper les ponts” avec leurs compatriotes ont monté d’autres chaînes Télégram, certaines très actives, où on peut discuter sans être censuré régulièrement par les “contrôleurs” français. Ces chaînes sont tournées en dérision par les chaînes contrôlées par l’ambassade de France, et une petite guerre se joue entre français…

On peut donc globalement partager les français de Russie en deux parties : Ceux qui restent très attachés à la France et ne peuvent se passer de leurs compatriotes, même s’ils sont naturalisés russes, et ceux ayant décidé de s’intégrer profondément en Russie, à Moscou ou ailleurs.

Français ou franco-russes ?

Sur 201 personnes ayant répondu à nos questions :

156 n’ont pas la nationalité russe et vivent en Russie soit sous le régime de visa (business, affaires etc) soit sont “résidents”, certains depuis plus de 10 ans.

40 ont obtenus la nationalité russe et ont conserve la nationalité française, ce que la loi russe permet depuis une dizaine d’années.

5  ont obtenus la nationalité russe en renonçant à la nationalité française, ce qui était obligatoire à l’époque.

On note que selon la loi française, tout citoyen né en France de parent français EST français. En théorie donc les 5 personnes ayant renoncé à leur nationalité française peuvent “redevenir” français (c’est à dire obtenir un passeport français). Les 5 personnes concernées ont répondu qu’elles n’envisageaient pas cette option, et qu’elles ont tiré un trait définitif sur la France.

Parmi ceux (156) n’ayant pas la nationalité russe, 27 nous ont déclaré envisager de l’obtenir. Les raisons sont pour 19 d’entre eux purement matérielles (pour éviter le problème du renouvellement des visas etc) et pour les autres parce qu’ils envisagent de rester vivre en Russie, s’y trouvant “bien”.

Parmi ceux ayant la nationalité russe et française, 33 ont déclaré que les 2 passeports sont un avantage indéniable pour voyager “et pour les affaires”, 7 ont déclaré n’utiliser que leur passeport russe et dans certains cas le passeport français est expiré.

Attitude face au SVO

Face à la situation nouvelle créée par le SVO les français en Russie, comme probablement la plupart des communautés d’expatriés, peuvent être classés en 3 catégories :

  • Ceux qui déclarent soutenir la Russie
  • Ceux qui déclarent soutenir la France
  • Ceux qui déclarent ne pas prendre position et rester “neutres”

Ceci parait évident mais les nuances sont importantes car dans chacune de ces catégories on retrouve des français ayant également la nationalité russe. On rappelle qu’aujourd’hui la Russie accepte les doubles nationalités, et les français naturalisés russes conservent leur nationalité française. 5 personnes français de naissance ont par contre renoncé à la nationalité française pour obtenir la nationalité russe, comme la loi alors l’exigeait. Ces 5 français, rien d’étonnant, sont dans la première catégorie et déclarent soutenir la Russie.

Parmi les 40 bi-nationaux (français naturalisés russes) on trouve:

  • Ceux qui déclarent soutenir la Russie : 31
  • Ceux qui déclarent soutenir la France : 3
  • Ceux qui déclarent ne pas prendre position et rester “neutres” : 6

Parmi les 156 français non-russes (statut visa ou permis de résidence) on trouve:

  • Ceux qui déclarent soutenir la Russie : 120
  • Ceux qui déclarent soutenir la France : 11
  • Ceux qui déclarent ne pas prendre position et rester “neutres” : 25

Et donc les 5 russes n’étant plus français déclarent tous soutenir la Russie

1- Ceux qui déclarent soutenir la France.

On peut penser qu’étant en Russie, ils font preuve d’un certain courage en déclarant soutenir la France, mais on peut s’étonner toutefois que 3 des bi-nationaux, donc citoyens russes à part entière quand ils sont en Russie, en fassent partie. Vu côté russe, cela s’apparente à de la trahison. À la question “que ferez-vous si la guerre directe entre la Russie et l’OTAN éclate?”, 2 répondent “je reste en Russie” et 1 déclare “je pars de Russie”. Ces 2 qui déclarent vouloir rester se justifient par leur position professionnelle et familiale, quelque chose comme “je n’ai plus rien en France donc je n’ai pas le choix, je reste”. Ils resteront donc tout en soutenant un pays ennemi…

Concernant les 11 français non-russes qui déclarent soutenir la France, cela peut se comprendre, tout citoyen en principe soutient son pays. à la question “que ferez-vous si la guerre directe entre la Russie et l’OTAN éclate?”, tous sauf 1 répondent “je repars en France” et 1 déclare “si je peux, je reste” en se justifiant ainsi “je suis français et ne peux donc que soutenir la France mais je n’ai plus envie de retourner dans la France actuelle”.

Nous avons longuement suivi ces gens sur les réseaux sociaux russes et la plupart évitent soigneusement de s’exprimer sur le sujet du SVO et plus généralement sur tous les sujets politiques concernant la Russie.

2- Ceux qui déclarent soutenir la Russie.

Ils sont la grosse majorité dans toutes les catégories, et cela parait normal puisqu’ils ne sont pas repartis de Russie lors du début du SVO. Toutefois une chose surprend. Parmi les 120 “non-russes”, 24 déclarent être ici depuis plus de 10 ans. Sans avoir donc demande la nationalité russe ? On peut donc se poser la question de savoir pourquoi, un d’entre eux laisse entendre que “a quoi bon un passeport russe ?”, un autre “en cas de problème l’ambassade de France m’aidera” (!!!), les autres “ne savent pas trop, peut-être dans le futur…”
En public sur les réseaux sociaux ils affirment fortement leurs positions pro-russe.

3- Ceux qui se déclarent “neutres” 

Ils surprennent par leur naïveté: Comment rester neutre dans une guerre en étant citoyen d’un des principaux pays belligérants, que ce soit la France ou la Russie, voire les deux ? Les justifications sont par exemple “je ne fais pas de politique”, “je ne vais pas souhaiter la défaite de la France où je suis né, ni de la Russie où je vis”, “je ne m’occupe que de mes affaires”. La position d’être “assis entre 2 chaises”.
En public sur les réseaux sociaux russes, ils évitent généralement le sujet.

On constate que si on ajoute les “pro-France” et les “neutres”, on trouve donc 45 personnes sur 201 soit plus de 20% qui ne soutiennent pas la Russie tout en y vivant et en ayant pour quelques-uns la citoyenneté russe. Une part relativement importante.

Voyons maintenant comment ce soutien à la Russie se manifestera concrètement si…

En cas de guerre totale tout le monde s’accorde à dire qu’il y aura une mobilisation générale en Russie. Seront concernés tous les “citoyens russes”, qu’ils aient ou non une autre nationalité. Des ragots ont été diffusés sur les réseaux sociaux disant que les “bi-nationaux” ne seraient pas mobilises, ceci est entièrement faux.

La question suivante à donc été posée à ceux ayant un passeport russe et ayant déclaré vouloir rester en Russie en cas de guerre directe contre l’OTAN : “Vous êtes donc susceptible d’être mobilisé. Si tel est le cas, que ferez-vous ?”

Sur les 45 personnes concernées, 43 ont répondu “j’accepterai la mobilisation”, 2 ont répondu qu’ils quitteront alors la Russie, en d’autres termes qu’ils déserteront. Nous avons tenté d’en savoir un peu plus et les 2 personnes nous ont dit qu’ils étaient assurés d’avoir pour ceci l’assistance des autorités consulaires françaises en Russie.

Nous avons creusé un peu et un français abonné à une chaîne Télégram de français en Russie nous à rapporté une histoire édifiante qui y à eu lieu lors de la mobilisation partielle en octobre 2022.


A l’époque il y à eu un recensement des citoyens russes, incluant bien entendu les bi-nationaux, et au-moins 4 russes ayant également la nationalité française avaient été convoqués au point de recrutement local. Ils ont semble t’il demandé l’aide du consulat de France à Moscou, ne voulant pas être recensés de peur d’être mobilisés.
On à vu alors une chose à peine croyable : en public sur une chaîne Télégram publique (“Solidarité français de Russie”), Nicolas Megrelis, un officiel français “conseiller consulaire” au consulat de France à Moscou à recommandé, le 12 octobre 2022, à ces 4 russes-français de se mettre hors la loi en quittant la Russie

Megrelis, qui est le “propriétaire” de cette chaîne Télégram, s’est rendu compte de sa gaffe publique et à rapidement effacé les messages, aujourd’hui indisponibles. Par chance notre correspondant les avait copié…

Nous avons contacté Monsieur Megrelis à 2 reprises dernièrement, en précisant que nos questions porteraient sur ces “conseils”, il n’a pas daigné nous répondre et nous ne sommes donc pas liés par notre promesse de confidentialité. Nous avons donc un conseiller consulaire d’un pays “hostile” voire “en guerre” avec la Russie, en poste en Russie, qui se permet de conseiller à des citoyens russes de déserter.


Nous avons donc ici un excellent exemple de “comment réagiront certains russes-français en cas de guerre entre la Russie et l’OTAN… Mais le plus grave est l’attitude des représentants en Russie d’un pays aujourd’hui “hostile” qui deviendra “ennemi” dans le cas d’un conflit contre l’OTAN, en l’occurrence la France, qui agit concrètement pour aider des citoyens russes à déserter. À l’avenir des mesures seront sans aucun doute prises mais on peut regretter qu’elles ne l’aient pas déjà été.

Nuances

Ceux qui déclarent rester neutres ont au moins l’honnêteté de le dire, ce qui n’est peut-être pas très facile dans le contexte actuel. Mais il y a d’autres personnages qui clament haut et fort soutenir la Russie et qui, au détour  d’une conversation détendue, vont avoir une attitude bien différente. Il y a quelques semaines nous avons été contactés par un journaliste français ayant réalisé l’interview à Paris d’un “blogger” franco-russe très connu dans la communauté française de Moscou. Nous ne nommons pas ce personnage estimant inutile de lui faire encore de la publicité, disons simplement qu’il est un ancien officier français, qu’il vit depuis une bonne dizaine d’années en Russie où il a et a eu plusieurs sociétés dont certaines ont été très liées aux autorités françaises pour diverses raisons, et qu’il est “renommé” pour ses vidéos publiques sur la situation internationale où il proclame très fortement son soutien à la Russie.

Le journaliste nous a contacté car il a été très surpris par la réponse de son interlocuteur à une question, voici la partie audio ci-dessous.

Ceci est d’autant plus choquant que ce monsieur est considéré dans certains milieux politiques russes comme un fervent supporter de la Russie et qu’il a été reçu par certains hauts responsables russes pour des “interviews” rediffusées sur sa chaine vidéo. Interviews où bien entendu il ne dit pas exactement la même chose que dans l’extrait publié ci-dessus. Il déclare donc qu’il restera “neutre” en cas de guerre directe entre la Russie et l’OTAN, position plutôt ambigue qui tranche avec l’ensemble de ses déclarations publiques précédentes. Un site français a diffusé un article sur ce sujet mais l’a très vite supprimé suite semble t’il à des menaces de poursuites judiciaires. Nous avons bien entendu l’integralité de l’interview mais le reste n’a aucun intérêt pour le présent article.

Ceci montre bien qu’au delà des grandes déclarations de soutien à la Russie peut-être dictées par des raisons  “alimentaires”, certains des français ou franco-russes vivant en Russie ne sont en réalité pas ce qu’ils prétendent. On peut considérer aujourd’hui, la guerre directe se rapprochant très vite, qu’il est probable que parmi tous ceux déclarant “soutenir la Russie” une grande partie quittera le pays lorsque les affrontements directs éclateront. Ce sera alors le moment de voir qui parmi eux, réellement, soutient la Russie après que “les rats auront quitté le navire”.

Pourquoi sont-ils et restent-ils en Russie ?

Nous nous sommes demandés pourquoi ces expatriés français, certains donc étant devenus citoyens russes, sont venus et sont restés en Russie. Disons que la plupart, pour simplifier, ont fui ce qu’est devenu la France. Si le plus ancien des expatries qui ont répondu est en Russie depuis 31 ans, la moyenne est d’environ 6 ans et la fourchette moyenne est entre 11 et 3 ans. Ce qui signifie qu’ils ont quitté la France sous les présidences Sarkoy, Hollande et Macron. Les périodes d’accentuation de la décadence de la France, et beaucoup nous donnent comme raison de leur départ le ras-le-bol de la situation en France et l’attrait de la Russie qui a toujours une image un peu mystérieuse en France.

Si la plupart ont pu s’adapter aux “sanctions”, quasiment tous ont eu des baisses de revenus souvent importantes et si la plupart de ceux qui sont restés après le début du SVO déclarent “aimer la Russie”, quelques-uns nous ont dit timidement “mais où aller si on repart?”. Ils restent donc et vivent ici tant bien que mal. L’image de l’expatrié bien gras ne s’applique pas à tous et certains tirent aujourd’hui le diable par la queue. Les “sanctions” occidentales ont quoi qu’on dise durement frappé beaucoup d’entre eux, essentiellement ceux qui travaillaient avec les entreprises étrangères puisque la plupart sont parties.

Un exemple est un cabinet de recrutement monté par un français ayant acquis la nationalité russe (n’ayant pas donné suite à notre demande de participation). Très bons résultats avant le SVO, chute brutale depuis le SVO puisque la plupart des clients étaient des sociétés françaises qui sont parties. Le gars s’est reconverti dans un vague projet pour faire venir des français individuels en leur faisant miroiter une installation en Russie, sorte de “voyage d’études” à un prix exorbitant pour profiter de ses “conseils”. Or cela aurait été parfait il y a 15 à 20 ans durant l’âge d’or des années Poutine, mais c’est une complète utopie aujourd’hui. Mais il faut faire bouillir la marmite !

Un autre exemple est un “conseiller financier privé” (qui a donné suite à notre demande de participation) en Russie, loin de Moscou, depuis 7 ans. Chute énorme depuis le SVO, il donne aujourd’hui des cours de français. Ou encore un expatrié (bi-national) spécialisé dans l’importation de produits de luxe depuis 5 ans. Sanctions, chute de son affaire, le salaire de son épouse dans une société pétrolière permet à sa famille de manger.

Il y en a par contre qui ont grandement amélioré leur situation depuis les “sanctions”, par exemple dans le secteur agroalimentaire (la personne a demandé de ne pas en dire plus, il souhaite rester “loin des français” !) ou un autre ayant organisé des circuits d’importation parallèle pour les produits sous sanction.

Alors les expatriés tentent de s’adapter mais “être français” en Russie n’a plus la même “aura” qu’il y a ne serait-ce que 10 ans en arrière. Les russes ont vu ce qu’est devenue la France aujourd’hui, les russes savent que la France fournit des armes à l’Ukraine pour les tuer. Il n’y a pas, pour le moment en tout cas, de prise à partie des citoyens français en Russie mais ils ne sont plus accueillis à bras ouverts comme avant. Les sociétés russes préfèrent de toute manière embaucher des russes.

Curieusement les “sanctions financières” n’ont pas trop touché les expatriés qui ont vite trouvé des méthodes de contournement pour faire voyager leur argent, même si dans certains cas elles sont en totale illégalité avec la législation de Russie, pays qu’ils déclarent pourtant “aimer”. Quand on “aime”, on “respecte”. Une des très nombreuses contradictions, nous y reviendrons dans la conclusion.

On peut dire pour terminer sur ce sujet que tant que la situation reste comme aujourd’hui, c’est à dire tant que la guerre ouverte contre l’OTAN n’est pas déclarée, la plupart s’en sortiront. Mais après… Nous savons que plusieurs ont déjà envisagé de partir, un seul a bien voulu nous en parler mais nos recherches ont permis de voir qu’il y en a en fait bien plus qui, discrètement, font leurs “sac de départ” et sont prêts à partir rapidement si la situation s’envenime. Nous ne les blâmons pas, à choisir s’ils ne soutiennent pas sincèrement la Russie, en temps de guerre mieux vaut qu’ils partent ! Mais c’est une autre contradiction pour ceux ayant acquis la nationalité russe… et prétendant aujourd’hui “soutenir la Russie”.

Alors, intégrés, ou non ?

On parle souvent du “refus d’intégration” des étrangers dans leur pays de résidence. Qu’en est-il pour les expatriés français en Russie ? Disons d’abord que quasiment tous disent “oui je me suis intégré”. En réalité on en est très loin et la grande majorité de ceux ayant répondu à nos questions et vivant à Moscou ne le sont pas et préfèrent rester entre eux: Amis presque exclusivement français, discussions en ligne entre français, soirées entre français où bien sûr on voit tout de même quelques russes, chasse aux produits alimentaires français. Par contre ceux vivant dans les régions de Russie sont, on peut le dire, très bien intégrés. Par la force des choses peut-être puisqu’ils sont parfois les seuls français dans leur zone, mais c’est une véritable intégration réussie. Nous vous proposerons un entretien un peu plus tard avec l’un d’entre eux.

Quelques déclarations spontanées

22 ans en Russie, nationalité russe en attente
“S’il faut aller se battre contre sa patrie française divisée et désintégrée, on ira”

27 ans en Russie, un des 5 ayant renoncé à la nationalité française
“Quand je vois ce qu’est devenue la France, j’ai honte. Plus aucun contact avec aucun français, ma patrie est la Russie, je me bats aujourd’hui pour elle et la France est l’ennemi, rien à ajouter.”

21 ans en Russie, double nationalité
“Ma position personnelle sur le conflit est que la Russie doit continuer dans cette manœuvre pour arriver à la capitulation de l’Ukraine et de l’OTAN. Je n’ai pas de peur plus que ça et je considère que c’est une chance pour la réussite, de se développer et de devenir un pays puissant avec des perspectives pour nos enfants. En tout cas ce ne sera pas la situation de la France.”

15 ans en Russie, double nationalité
“J’y suis, j’y reste”

8 ans en Russie, double nationalité
“Mon seul regret ? Ne pas être venu ici plus tôt, j’ai perdu 35 ans en France.”

25 ans en Russie, double nationalité
“J’accepterai la mobilisation et me rendrai dans l’unité indiquée (je suis sniper record homologué 2700 m). Je me sens Russe. Espoir en Poutine dont je rêve de serrer un jour la main. Espoir dans le peuple russe.”

14 ans en Russie, résident
“J’étudie pour me convertir à l’Orthodoxie, indispensable pour être Russe. Je demanderai la nationalité immédiatement après”.

10 ans en Russie, double nationalité
“La Russie aujourd’hui c’est ma France d’il y a 50 ans, la vraie France. Russie, je t’aime!”

8 ans en Russie, résident, passeport en attente
“Tout n’est pas parfait ici mais la Russie et les Russes vibrent ensemble dans le bon sens.”

12 ans en Russie, double nationalité
“En France ils survivent, en Russie on vit.”

22 ans en Russie, double nationalité
“Je suis arrivé à 19 ans sur un coup de tête, pas un seul jour je ne l’ai regretté.”

6 ans en Russie, visa
“5 ans à hésiter, puis j’ai franchi le pas, la trouille au ventre. Et j’ai découvert mon bonheur!!!”

10 ans en Russie, résident
“Mon arrière grand père était Russe je suis donc ici et j y resterai. Actuellement j’aide financièrement grâce à des dons de Français les femmes et les mères des soldats de ma région. La France me dégoûte, j ai défendu ce pays et je me rends compte aujourd’hui qu on m a menti pendant 35 ans de carrière militaire et police. Le camp du bien, la défense de la liberté des gens c est ici qu elle se trouve … le camps du mal étant l occident, ses mensonges, LGBT, immigres a 40% de la population et violents, la saleté dans les rues, le niveau de l’école au plus bas …… je ne veux pas retourner la bas”

3 ans en Russie, visa
“Beaucoup de craintes du à l’irresponsabilité des politiques Européens et particulièrement Macron dont il fait un magnifique cas d’études psychiatriques. Mais tout de même un espoir qui vient de la Russie.”

3 ans en Russie, visa
“Espérons que la situation cesse de se dégrader. Sinon que la force soit avec la Russie.”

Conclusion

“La communauté française à Moscou c’est un panier de crabes, ils cherchent a mettre le grappin sur les nouveaux, on te propose des plans miraculeux qui n’enrichissent que ceux qui te les proposent. Un microcosme d’arrivistes qui changent de convictions au gré de la mode, on y trouve un ancien attaché parlementaire de Jean-Marie Le Pen devenu soutien farouche de Mélenchon, un escroc à la petite semaine qui sait tout sur tout et tente de monnayer ses conseils qui ne valent pas grand chose, toute une bande de tiques qui te tournent autour pour te sucer la moelle. Tous les mecs corrects (car oui, il y en a !) évitent soigneusement de les fréquenter”.

Dixit un français ayant passé 6 ans en Russie en mission pour une grande société française, puis en est reparti en 2022.

Il faut sans doute relativiser mais la question n’est pas là, après tout qu’ils se tirent dans les pattes entre eux ne dérange pas grand monde.

Je voudrais insister sur le fait que la Russie est en guerre contre l’OTAN dont la France est un des piliers, puisqu’une des 3 puissances nucléaires.

Dans ces conditions, que doit-on penser d’avoir sur notre sol des citoyens qui, pour la plupart d’entre eux, sont bel et bien français avant tout même si certains sont également porteurs d’un passeport russe. Certains déclarent sans vergogne soutenir la France et donc se positionner contre la Russie, il est clair que ceux-ci seront à neutraliser rapidement dès le déclenchement de la guerre ouverte.

Beaucoup d’autres, la plupart, déclarent choisir la Russie en cas de guerre. Sont-ils sincères? L’extrait audio publié plus haut de l’interview d’une “figure” des expatriés français en Russie permet de douter fortement dans certains cas.

Beaucoup également se positionnent par pur arrivisme, il est évident que déclarer soutenir la France quand on a ses affaires et sa famille en Russie, c’est prendre des risques. Ceux-là partiront bien vite au premier coup de canon, c’est d’ailleurs excellent mais peut-être que les autorités devraient anticiper et donner  un grand coup de balai ?

Mais sur le plan MORAL, comment fonctionnent-ils ? Il est tout de même difficilement compréhensible qu’au moment où des armes françaises tuent des citoyens Russes, un citoyen qui déclare soutenir la Russie possède un passeport français, pays ennemi de la Russie. Comment fonctionnent-ils dans leur tête ? Ont-ils un sens de la Morale ? Ont-ils un sens de l’Honneur ?

Écoutez Jeff Monson, sportif de haut niveau né citoyen américain, aujourd’hui citoyen russe et député municipal à Krasnogorsk (banlieue de Moscou).

« Je ne peux pas être citoyen d’un pays qui soutient et fournit des armes utilisées pour tuer mes amis. »

Jeff Monson a expliqué la renonciation à la citoyenneté américaine par le fait qu’il ne pouvait pas être citoyen du pays qui finance les meurtres et fournit des armes.

Voici un homme honnête envers les autres et envers lui-même ! Et pourtant un passeport américain tout comme un passeport français ça permet de voyager facilement, ça permet d’ouvrir des comptes en banque à l’étranger (en violation de la loi russe s’ils ne sont pas déclarés et nous avons vérifié, beaucoup ne le sont pas …), ça permet de etc etc.

Mais “soutenir la Russie” ce n’est pas avoir un passeport étranger, même si c’est uniquement pour le “confort” ! A fortiori si on est CITOYEN RUSSE ! Être Russe c’est ne pas être affilié à un des ennemis de la Russie, c’est dans sa vie quotidienne aider les autres Russes et aider la Russie. Certains d’entre vous, rares, le font très bien et nous publierons des entretiens prochainement. Mais les autres ?

Je vous demande à vous tous qui êtes titulaire d’un passeport russe avec la double nationalité et qui avez déclaré soutenir la Russie, êtes-vous prêt à faire un geste symbolique pour montrer votre attachement à la Russie contre la France ? Le geste le plus fort serait de brûler votre passeport français devant l’ambassade de France à Moscou en donnant un maximum de publicité à ce geste. Y êtes-vous prêt ? Si oui, contactez-moi en privé et nous organiserons l’évènement. Si non, que tout le monde comprenne bien que si demain la guerre directe éclate contre l’OTAN, il sera sans doute trop tard pour avoir des regrets et chacun devra assumer ses choix.

Cette enquête étalée sur 6 mois nous aura permis de rencontrer plusieurs Français formidables dignes de la France d’Avant qui, hélas a aujourd’hui disparu. Nous leur sommes grès de leur soutien et les accueillons bras ouverts ! L’avenir s’annonce très sombre mais ensemble, côte à côte, nous vaincrons.

Enquête réalisée par l’équipe de Boris Karpov: Sonia Veronika Anton Igor Rouslan Roustam
Conclusion par Boris Karpov
Chaine Télégram @BorisKarpovRussie

4 Commentaires

  1. Moi on ma rien demandé, mais malgré mon age si une guerre éclaté entre la France et la Russie, je choisirais de me battre contre la France.La France ne ma jamais rien donné, elle ma plutot voler, les biens de mes parents et de ma famille. Je ne fais pas confiance a Macron et a sa bande, et je suis certain que si la guerre éclatéil il serait le premier a partir de cette France.

  2. Globalement, le résultat de cette enquête ne me surprend pas du tout. Entre les fières proclamations et la réalité, il y a un gouffre. Il suffit de se reporter aux événements historiques du XXe siècle, internes à la France. Ils ne dépareillent des Français “restés au pays”, d’où la situation que nous subissons. Comme l’a dit récemment un Africain à propos des gens de son ethnie, les gouvernements sont à l’image des peuples qu’ils contrôlent. Il manque une observation sur les votes de ces expatriés qui soutiennent massivement les partis d’oligarchie euro-mondialiste.

  3. Je réponds à Monsieur Boris ZARPOV:
    Oui, moi je l’ai déjà écrit et déclare encore vouloir aider la Russie en cas de guerre. Je refuse de ne pas être cru et suis persuadé de ne pas être le seul.
    Ceux qui sont contre la Russie sont à éliminer car non seulement dangereux pour la Russie mais aussi pour la France et donc pour les Français qui finiront traités par les USA comme les indiens !
    Moi, j’ai un passeport Français périmé depuis longtemps. Je n’ai pas de passeport Russe, et pourquoi l’aurais-je fait, il y a bien longtemps que je ne voyage plus et en plus, ne connaissant pas la langue Russe qu’aurais-je pu y faire ?
    Les évènements me permettent de me rapprocher des Russes et agirai selon mes moyens le moment venu. Il n’empêche que ma propagande est Pro Russe mais sans me dévoiler complètement non seulement pour mieux agir et aussi pour ne pas être détecté.
    Avec ou sans la Russie, je ferai de mon mieux pour elle sans attendre quelque honneur que ce soit, je le fais et le ferai pour l’avenir de l’Humanité en général !!!

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