L’OTAN appelle la Russie à ne plus reconnaitre l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud

Alors que les forces de l’OTAN se renforcent tant en Mer Noire qu’aux frontières Ouest de la Russie avec en toile de fond un “blocus” ukranien et une intensification des bombardements contre les républiques de Donetsk et Lugansk, l’Alliance Atlantique cherche-t-elle à ouvrir un nouveau front contre la Russie, au sud cette fois?

Le 1er avril dernier, l’OTAN avait  déclaré qu’elle reconnaît l’intégrité territoriale de la Géorgie, en precisant toutefois qu’elle n’entrera pas en conflit avec la Russie au sujet de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.

Le 20 mai, l’assemblée parlementaire de l’ OTAN (organisation réunissant des élus des pays membres de l’Alliance, chargée de débattre des questions de sécurité. Plus d’informations ici) a, dans une déclaration faite lors de son assemblée à Tbilissi (Géorgie) demandé à la Russie de cesser de reconnaitre l’ indépendance «des régions occupées de la Géorgie» – l’ Abkhazie (reconnue par la Russie en 2008) et l’ Ossétie du Sud et d’en retirer ses troupes.

Tout en «se félicitant de la politique géorgienne constructive visant à la désescalade des tensions dans les relations avec la Russie.», les parlementaires de l’ OTAN demandent à la Russie de «respecter l’indépendance, la souveraineté et l’ intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues», et de «s’abstenir de tout acte de provocation et d’ agression contre la Géorgie.»

Dans le même temps les parlementaires de l’ OTAN demandent également à leurs gouvernements de soutenir un «plan d’ action pour l’ adhésion» de la Géorgie à l’ OTAN.

En réponse aux déclarations de l’OTAN et de son Assemblee Parlementaire, le Kremlin a rappellé sa position maintes fois déclarée que la reconnaissance des républiques reflétait les réalités existantes et ne pourrait jamais être revue, étant sans appel. La Russie a d’ailleurs ouvert une ambassade en Abkhazie, en la présence de Sergey Lavrov, Ministre des Affaires Etrangères de Russie, en avril 2017.

Quelques mots sur l’Abkhazie et l’Ossétie du sud

Les peuples minoritaires tels que les Ossètes, les Abkhazes, et les Adjars avaient reçu en 1922 de Lénine et Staline, soucieux de briser le sentiment national géorgien, un statut d’autonomie culturelle et administrative au sein de la République géorgienne. Ce statut a permis le développement des langues et l’affirmation d’une identité culturelle de ces peuples. La fin de l’URSS, toutefois, sonne le glas de cette Géorgie multiethnique. Les petits peuples, en effet, ne restent pas insensibles à l’appel à l’indépendance lancé par Boris Eltsine et surtout sont confrontés à la politique nationaliste initiée par le premier président de la Géorgie indépendante, Zviad Gamsakhourdia. Les Ossètes et les Abkhazes s’opposent alors à cette volonté unificatrice par la sécession et la guerre.

Très modérement soutenue par la Russie, l’Ossétie, après un conflit meurtrier, fait sécession en 1992. L’indépendance de l’Ossétie et de l’Abkhasie, contestée par la Géorgie et ignorée par la communauté internationale est confortée par la Russie. Depuis 1992, en Ossétie du Sud, chacune des deux communautés se développe séparément : chacune a sa propre conduite de gaz, sa propre arrivée d’eau, et ses propres voies de circulation. Par exemple, les villageois de l’enclave géorgienne au nord de Tshhinvali peuvent se rendre à Gori en Georgie en évitant les villages ossètes. A l’issue de la Révolution des Roses en 2003, l’arrivée au pouvoir du président Saakashvili renforce la tension entre la Géorgie et la Russie. Le président géorgien s’efforce en effet de restaurer l’autorité géorgienne sur la totalité du territoire et de s’imposer aux États-Unis comme leur meilleur allié dans le Caucase pour contrer l’influence de la Russie.

Dans la nuit du 7 au 8 août 2008, l’armée géorgienne lance une offensive contre la capitale de l’Ossétie du Sud, Tschkinvali, et en particulier contre le bataillon des forces russes investies d’une mission de la paix par l’ONU. La Russie réplique dès le 8 août par le bombardement de la ville géorgienne de Gori puis le 9 août par l’envoi de la 58ème armée. Démarre alors une guerre éclair au cours de laquelle l’Armée russe anéantit l’Armée géorgienne, pourtant équipée de matériel récent et formée par l’Armée américaine. En 48 heures, l’Armée russe déploie 20 000 hommes et 2 000 chars en Géorgie. Dès lors, le 10 août, la Géorgie retire ses troupes d’Ossétie du sud et proclame unilatéralement le cessez-le-feu. Les villes géorgiennes, Gori, et le port de Poti demeurent cependant les cibles de bombardements pendant plusieurs jours. La Russie achève finalement de retirer ses troupes le 22 août 2008.

(Jacques Sapir): Les sécessions de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud par rapport à la Géorgie ont eu lieu dès la fin de l’Union Soviétique. Elles traduisaient la volonté de populations fondamentalement étrangères à la population Géorgienne de se rapprocher des populations similaires qui vivent sur le territoire de la fédération de Russie. La Russie a apporté un soutien modéré aux deux régions sécessionnistes dans la période où la Géorgie était dirigé par Shevarnadze. La situation va cependant évoluer à partir de 2002/2004 quand au renforcement de la Russie répond un raidissement de la position géorgienne. La situation était devenue d’autant plus dangereuse que les Etats-Unis, engagés dans une politique de forte présence au Caucase dans une logique de confrontation avec la Russie, et ce dès la fin des années 1990, ont encouragé les autorités géorgiennes à ne pas chercher de compromis. Les administrations américaines Clinton et Bush ont délibérément encouragé des regroupements de pays tel le GUAM dans une logique d’affrontement avec la Russie. L’aide américaine à la Géorgie a pris une dimension d’aide militaire à partir de 2003 quand Washington a cherché systématiquement des alliés à son intervention en Irak. Les flux financiers issus de cette aide sont rapidement devenus importants et la Géorgie, qui est pourtant un pays fort peu peuplé, entretenait ainsi juste avant le conflit de l’été 2008 l’un des plus gros contingents non-américains en Irak. Cette aide militaire avait aussi pour fonction de crédibiliser la posture du Président Saakashvili qui, dès son arrivée au pouvoir en 2004 n’avait pas fait mystère de sa volonté de récupérer, y compris par la force, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.

5 Commentaires

  1. à quand la fin de l ‘OTAN ..?……les US s ‘achètent des alliances comme des pains au chocolats
    et les pays peu fortunés acceptent l ‘argent et aussi les directives malheureusement donc la soumission …..les US continuent d ‘alimenter les tensions , No 1 pour ça ! heureusement la Russie tient bon .et s ‘affirme par l ‘ouverture de son Ambassade ! . US GO HOME …….s’ ils s ‘ennuient ils n ‘ont qu’ à aller narguer Kim Jong Uno qui est pressé de leur foutre la raclée de leur vie …

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